Pourquoi le succès de l’apprentissage interroge en France en 2022 ?

Apprentissage

Contrat de professionnalisation ou contrat d’apprentissage ? CAP dans le domaine de la coiffure ou BAC + 5 dans le numérique ? Centre de formation des apprentis ou école du Web à Paris ? …. Que peut-on retenir du succès des études en alternance ?

 

Des études en apprentissage, pensées pour répondre à presque toutes les situations

Pendant longtemps, signer un contrat de professionnalisation ou d’apprentissage avec une entreprise d’accueil n’était pas inné chez les étudiantes et les étudiants. La situation évolue ces derniers mois, une évolution accélérée par la crise sanitaire du coronavirus. Bien évidemment, la loi de 2018 (pour la liberté de choisir son avenir professionnel) a posé les bases de cette transformation, espérée depuis des décennies par les autorités publiques. Mais il faut bien reconnaitre, que la crise sanitaire et ses conséquences (notamment l’instauration d’une aide exceptionnelle visant à rendre le coût de l’apprentissage quasi-nul pour les entreprises) ont littéralement permis à ces études en alternance d’exploser. On enregistrait ainsi un record en 2020 avec 525.000 contrats d’alternance signés, et les derniers résultats pour 2021 indiquent que ces résultats ont encore bondi l’année dernière avec une hausse de 36.6 % (718.000 contrats d’alternance signés).

L’alternance est ainsi devenue, en quelques mois, la voie d’excellence, que l’on a si longtemps souhaité. A quelques mois de l’arrêt de ces aides exceptionnelles liées à la situation sanitaire, un rapport parlementaire fait l’étude détaillée de l’apprentissage en France afin de tirer les enseignements de cette loi de 2018.

 

Apprentis ou alternants, qui sont les bénéficiaires de l’envolée de l’apprentissage ?

Traditionnellement, l’apprentissage semblait réservé aux professions artisanales, alors que cette insertion progressive dans le marché professionnel s’adresse désormais à tous les domaines d’activité. Dans le même esprit, les lycéens préparant leur CAP ou leur BEP étaient, par le passé, surreprésentés dans cette voie d’apprentissage. L’étude parlementaire souligne à quel point la situation a changé, en pointant également certaines dérives, qu’il faudra surveiller dans les années à venir.

Les auteurs du rapport soulignent ainsi, que le dynamisme des études en alternance ne bénéficie pas à tous les niveaux d’études ou de formation. Les formations de niveau BAC + 3 ou plus ont connu une explosion, puisqu’elles représentent désormais plus d’un tiers des contrats signés. En 2020, les contrats d’apprentissage signés pour le niveau CAP – BEP ne représentaient plus que 27 % de tous les contrats alors qu’ils constituaient 41 % de ces derniers en 2018. En 2020, les formations BAC +3 et plus concernaient 40 % des contrats de professionnalisation et d’apprentissage (contre 21 % en 2018).

Pourtant, les acteurs de l’apprentissage se joignent aux parlementaires pour rappeler que “l’apprentissage est beaucoup plus bénéfique pour les jeunes infra-bac ». Des études en alternance pour devenir un Architecte Digital ou obtenir un titre de niveau BAC +5 constituent certes une voie séduisante pour de nombreux étudiants, mais les efforts pour accompagner les collégiens et les lycéens ne doivent pas pour autant être délaissés.

 

Contrat de professionnalisation ou contrat d’apprentissage, un choix faussé pour les étudiants ?

Pour accéder aux études en alternances, les apprenants disposent de deux voies principales : la signature d’un contrat de professionnalisation ou la signature d’un contrat d’apprentissage. Si les études en alternance connaissent un véritable boom depuis deux ans, cela ne traduit pas une hausse similaire pour ces deux types de contrats. Ainsi, alors que 235.399 contrats de professionnalisation avaient été signés en 2018, ils ne devraient, d’après les premières estimations, être que de moins de 100.000 en 2021.

Les parlementaires à l’initiative du rapport pointent des « effets de déport », conduisant les entreprises d’une part et les étudiants d’autre part à privilégier le contrat d’apprentissage. Non seulement ce dernier est ouvert à des jeunes de moins de 29 ans, quand le contrat de professionnalisation cible prioritairement les jeunes de 16 à 25 ans, mais le coût économique d’un contrat d’apprentissage est moins impactant pour le budget de l’entreprise qu’un contrat  de professionnalisation. Le vieillissement des profils, éligibles à l’alternance, lié à cette hausse des formations BAC + 3 et plus notamment, ainsi que les conséquences économiques de la crise sanitaire expliquent en partie ce déport, que le rapport souligne comme inquiétant. En effet, contrat de professionnalisation et contrat d’apprentissage ciblent deux publics distincts avec des objectifs spécifiques. Il ne faudrait pas, selon le rapport, que les « avantages de l’un » cannibalisent les « atouts de l’autre », au risque de remettre en cause le succès de l’apprentissage en France.