La situation économique complexe a conduit le gouvernement à envisager une réduction des aides accordées aux alternants et aux entreprises qui les accueille. Si la nouvelle ne fait plaisir à aucun acteur, est-elle nécessairement une menace pour ces études en alternance, qui ont connu, ces dernières années, un véritable boom.
Contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, un succès incontestable
En 2018, la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel a profondément transformé le système de l’apprentissage et de la formation continue. Pour les études en alternance, l’ambition affichée était bien de faire des études en alternance une voie d’excellence. A l’occasion de la crise sanitaire du coronavirus, des mesures financières exceptionnelles avaient été prises pour soutenir cette promotion de l’alternance et de l’apprentissage. Des mesures exceptionnelles, qui ont perduré au-delà de la pandémie. L’ensemble de ces efforts a séduit les étudiantes et étudiants d’une part mais aussi les entreprises. Cela a contribué à faire de l’alternance une véritable alternative à la voie plus conventionnelle. Ainsi, le nombre de contrats d’apprentissage a été multiplié par 2,7 entre 2018 (321.000) et 2023 (852.000). Avec le contrat de professionnalisation, ces contrats d’alternance devaient atteindre l’objectif fixé, à savoir un million de nouveaux contrats chaque année.
Des atouts connus et reconnus pour un coût jugé trop important !
Pour les étudiantes et les étudiants, l’attractivité de l’alternance peut s’expliquer par plusieurs facteurs :
- Tout d’abord, l’apprentissage n’est plus considéré comme une voie exclusivement réservée à des métiers manuels, comme cela a pu être le cas. En 2022, près de deux contrats d’alternance sur trois concernaient des cursus supérieurs ou équivalents au niveau BAC +2.
- Les études en alternance assurent une source de financement pour les étudiantes et étudiants, à un moment où toutes les associations étudiantes dénoncent une paupérisation des étudiants quelle que soit leur spécialisation,
- Choisir de signer un contrat de professionnalisation ou un contrat d’apprentissage assure aux étudiantes et étudiants de renforcer leur employabilité. L’alternance leur garantit une première expérience professionnelle significative, et leur assure donc d’être plus opérationnel.
Du côté des entreprises, l’intérêt financier que constitue l’accueil d’un alternant se double de l’émergence d’un nouveau levier dans la gestion des ressources humaines. En effet, l’alternance est aujourd’hui de plus en plus souvent considérée comme un outil de gestion des ressources humaines, afin d’anticiper les besoins en compétences de demain.
Pourtant, les autorités publiques, dans un contexte difficile, ont durci les aides financières, durcissement qui devrait encore se renforcer dans les semaines à venir.
L’austérité, une menace pour les alternants de demain ?
Début septembre, le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale des finances (IGF) ont publié la « Revue des dépenses publiques d’apprentissage et de formation professionnelle ». Les conclusions de ce rapport soulignaient le coût important que représentaient les différentes aies accordées à ces études en alternance. Si l’aide exceptionnelle de 6.000 € était jusque-là maintenue pour le seul contrat d’apprentissage (et non plus pour le contrat de professionnalisation) , les propositions du PLFSS pour l’année 2025 prévoient une diminution de cette aide de 1.500 €. D’autres préconisations pourraient-elles réduire le niveau de rémunération des alternants, en leu supprimant une partie des exonérations de charge, dont ils bénéficiaient jusque-là.
Si cela devait se confirmer, cela pourrait marquer un arrêt de cette croissance continue du nombre de contrats signés. En revanche, cela n’affecterait pas les besoins des étudiants ni même ceux des entreprises. Les autorités publiques veulent croire, que l’alternance est profondément entrée dans l’esprit des uns et des autres, et que les mesures nécessaires d’austérité n’impacteront pas le pari fait sur l’avenir. Il faudra donc attendre quelques mois pour pouvoir mesurer l’impact de ces éventuelles décisions.