L’alternance connait une évolution fulgurante depuis plusieurs années. Les étudiants et les entreprises plébiscitent davantage ces modalités notamment dans l’enseignement supérieur. En revanche, on constate également une augmentation des ruptures de contrat d’alternance. Pourquoi ? Comment se prémunir d’une telle situation ?
Alternance ou apprentissage : un projet aux objectifs bien définis !
En quelques années, le nombre de contrat d’alternance a connu une hausse spectaculaire. Les différentes réformes, visant à faire de l’alternance et de l’apprentissage, expliquent en partie ce succès. Cependant, il ne faut pas masquer l’effet d’aubaine, qu’ont pu représenter les aides exceptionnelles décidées pendant la crise sanitaire du coronavirus. Toujours est-il, que la barre symbolique du million de contrats d’apprentissage annuels apparaît désormais réalisable.
Dans tous les cas, le choix de l’alternance répond à des besoins précis et bien définis pour chacune des parties :
- Pour l’entreprise, accueillir un alternant représente un intérêt économique non négligeable surtout en ces périodes complexes. D’un autre, il constitue une alternative séduisante à un recrutement plus conventionnel d’autant plus que les signes de pénurie de compétence se multiplient dans certains secteurs d’activité.
- Pour l’étudiant, l’alternance représente un atout pour booster son opérationnalité et son employabilité en lui permettant de se confronter à la réalité du marché du travail. C’est également une piste idéale pour financer ses études supérieures. Cela concourt à renforcer son projet professionnel, en lui offrant la possibilité de vivre une première expérience professionnelle significative.
Rompre un contrat d’apprentissage, un constat d’échec ou une opportunité de rebond ?
Ces projets d’apprentissage constituent donc des réponses pertinentes à des objectifs distincts pour chacune des parties engagées (l’étudiant d’une part et l’entreprise d’accueil d’autre part). Pourtant, si le nombre de contrats d’apprentissage augmente depuis plusieurs années, on peut également regretter que le nombre de ruptures de contrat connaisse lui aussi une augmentation, qui doit alerter.
C’est ce qu’a mis en évidence une analyse de la Direction de l’animation et de la recherche, des études et des statistiques (Dares). En 2022, plus d’un contrat sur 5 (21 %) débutés dans l’année se terminait dans les neuf premiers mois. Ce taux n’était que de 16 % en 2020. Cette réalité est à peaufiner, puisque la hausse des ruptures de ces contrats se révèle encore plus significative dans l’enseignement supérieur. 18 % des contrats signés en 2022 ne duraient pas plus de 9 mois (contre 10 % seulement en 2017). Dans le détail, ce sont les alternants préparant un diplôme de niveau BAC + 2 (BTS MCO, BTS NDRC, … ) qui apparaissent être les plus impactés. En 2022, ce sont plus d’un contrat sur 4 (26 %) qui ont été rompus, alors que ce taux de rupture n’atteignait pas 15 % en 2017
Des insatisfactions et des difficultés à identifier pour renforcer l’attractivité de l’alternance
L’alternance progresse et séduit de plus en plus, alors que le taux d’abandon augmente. Ce constat doit pousser entreprise et étudiant à s’interroger en identifiant les raisons de ces « échecs ». Seule cette réflexion pourra permettre d’améliorer la situation et donc bénéficier à toutes les parties prenantes.
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- L’alternance doit rester un projet personnalisé et adapté. En d’autres termes, choisir l’apprentissage ne doit pas s’inscrire dans un effet de mode, dans une tendance mais bien satisfaire à une ambition clairement affichée tant pour l’étudiant que pour l’entreprise. Cela permet de garantir la motivation tout au long de la durée du contrat.
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- Choisir d’étudier en alternance représente un cursus exigeant et ambitieux : les étudiantes et étudiants doivent conserver en mémoire, que cette voie reste plus exigeante que la voie initiale, dans la mesure où les obligations professionnelles s’ajoutent aux contraintes liées à l’enseignement. La perception des étudiants doit être affinée, et les périodes en entreprise d’accueil ne peuvent en rien être comparée à une période de stage.
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- Accueillir un alternant dans une entreprise nécessite une bonne préparation et organisation. L’intégration de l’alternant reste une période cruciale, et bien souvent, les ruptures de contrat peuvent s’expliquer en partie par une intégration mal préparée. Pour que l’alternance soit bénéfique à l’entreprise, cette dernière doit s’organiser et préparer les équipes à accueillir l’alternant. Ce dernier est certes considéré comme un collaborateur à part entière de l’entreprise, mais il reste un étudiant, un expert en formation.
Les entreprises et les futurs alternants sont donc sommés de réagir et de s’efforcer à mieux appréhender la réalité de l’alternance. Cela devrait permettre de transformer cette attractivité nouvelle pour l’alternance en une ambitieuse réussite des études en apprentissage.